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Brèves de sage-femme
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Brèves de sage-femme
28 octobre 2010

Par hasard...

          Un jeudi comme tant d'autres...

         Un petit passage au boulot pour déposer quelques papiers, et voir une collègue-amie avec laquelle j'aime tant discuter. Pas de temps pour papoter, tant pis je monte au premier voir mes autres consoeurs et les saluer.

          C'est le matin des IVG.

          Je le sais bien, puisque d'habitude c'est moi qui m'en occupe.

         Je ne regarde pas les dossiers, ces dames-là je ne m'en suis pas occupé. Pourtant c'est ma collègue qui va m'en parler. Dans le bureau où on les accompagne dans leur choix , leurs doutes et leurs pleurs souvent, elle a vu le faire-part de naissance de ma dernière-née. Elle l'a reconnu. Elle lui a parlé de moi. Je n'étais pas là, bien sûr. Mais le hasard fait que je suis passée ce jour-là, ce jour de la deuxième prise des médicaments. Ma collègue lui a dit que j'étais là. Et elle a demandé à me voir. J'aurai très bien pu ne rien savoir de sa venue ici, ou peut-être en rangeant des dossiers.

Elle me confie son désarroi d'être là, d'avoir avalé ces comprimés, de ne pas savoir quand "ça" allait s'évacuer. Sans rien lui demander, elle me raconte son histoire, pourquoi elle est là, que ce bébé aurait pu être le bienvenu, si son homme et elle étaient toujours ensembles... Parce que c'est bien là que le bas blesse. Ils se séparent, et comme dans beaucoup d'autres histoires, c'est juste avant de décider de se séparer que ce bébé a choisi de s'installer. Mais il est inconcevable pour elle et lui de le garder.D'où sa présence ici, ses yeux se remplissent de larmes, je la laisse pleurer. Je lui apporte mon soutien, elle sait qu'en cas de besoin, elle peut m'appeler .

           A ceux et celles qui se permettent de juger les femmes qui ont recours à l'IVG, je leur demande seulement de les respecter. Personne ne sait si un jour ou l'autre il ne sera pas confronté au même choix, difficile et douloureux.

Parce qu'en 2 ans de travail au centre d'orthogénie, des femmes qui semblent insensibles à ce qu'elles font, je n'en ai pas vu beaucoup.

          Parce que j'en ai vu plus qui me disent : "avant, j'étais contre", mais qui se retrouvent dans le même bureau, à prendre les comprimés."

          Parce qu'on ne sait jamais ce qui peut tomber sur le coin du nez.

           Un accident de contraception , c'est si vite arrivé.

           Et quelle que soit l'opinion d'avant.... Les femmes sont toujours meurtries en partant.

      

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Commentaires
M
Une amie m'a avoué avoir avorté de son quatrième enfant après l'avoir fait. Je me suis promis de ne pas la juger et je ne l'ai pas fait. Et j'ai pu comprendre à quel point sa décision a dû être difficile. Vous avez raison, quels que soient les motifs d'un avortement, ce n'est jamais un moment qui passe comme ça, ça laisse toujours des traces...pour longtemps.
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